| En Français ci-dessous - The Niayes (Thiès region), a narrow band 25km wide stretching for 180km between Dakar and Saint-Louis along the Atlantic coast, was traditionally dedicated to vegetables gardening and fruit growing. Yet today, Thiès is considered the largest mining area in the country, whose activity is concentrated in the Niayes. The Project Grande Côte (GCO) exploits mineralized sand (zircon, elmenite, rutile and leucoxene) and even though it is mostly located on the coast, lands previously dedicated to agriculture have also been annexed. The farmers and the populations directly affected by this annexation were not consulted beforehand. A departmental commission was in charge of determining the amounts of compensation that would be received by the concerned farmers. On July 1st 2013, when villagers opposed the visit of this commision on their lands, twenty-one (21) of them were arrested by the police and they were judged by the court of Thiès. The verdict, on July 19th 2013, sentenced three of them to three months in prison: Ibra Fall, Gora Wade and Djibril Bèye, who are vegetable producers from the village of Diogo "for the offenses of illegal assembly and plunder of machinery belonging to the factory MDL "(Mineral Deposit Limited, one of GCO's shareholders). Thirteen (13) other farmers were condemned to a three months suspended prison sentence. GCO has compensated the farmers with amounts up to five times higher than those imposed by Senegalese law (i.e. 3,750,000 CFA francs per hectare instead of 750,000 CFA francs). The compensation scales set by law date back to 1994 and they have never been updated. The amounts paid by GCO were defined by the departmental commission. And yet, the received compensation was considered insufficient by many villagers. According to the sub-prefect of Méouane, a total of 644 producers were impacted and compensated for a total sum of 802,136,734 CFA francs. Seven hamlets of Diogo and Foth were displaced in February 2017. Their new city is called Medinatoul Mounawara. However, access to arable land and water resources for the displaced people has been significantly reduced, threatening the long-term sustainability of the project. Project Grande Côte is just one of the many industrial projects that threaten the land and vegetables gardening of the Niayes. At least 80% of the vegetables produced in the Niayes come from the surroundings of Diogo. Niayes’ arable land has already been considerably reduced. Land grabbing goes in hand with water grabbing (and its pollution). Since the beginning of GCO, the lack of water is impacting the area. Vegetable production has slowed down since the beginning of GCO and underground water, previously available at 5 meters deep, today requires wells of 12 meters. Residents recall that many promises were not kept by GCO. In terms of youth employment, very little has been achieved. Even after the organization of a six months training for local youth, a derisory number of them were employed by the company. GCO also did not keep the promise of granting one job per dispossessed family. These families must find alternative sources of income, alternatives that are less sustainable and more fluctuating than farming (trading agricultural products, being cab drivers, etc.). The well for the village of Diogo has not been dug. Finally, in terms of health, the promised hospital at Darou Fall was not built but an ambulance in Diogo started operating by mid-May 2016, funded by GCO (information collected by the author in Darou Fall, October 2017). The associations of vegetable gardeners, with the support of NGOs, organize their advocacy work for the protection of the arable lands so that the remaining lands in the Niayes are protected. Enda Pronat has been working in the area since the media coverage of Diogo farmers’ uprising in 2013. Since then, the NGO has regularly organized workshops, notably in Thiès, Taiba Ndaye, Darou Khoudoss and Diogo, to sensitize the populations on their land rights so that they are better prepared in the case of future land grabbing projects. See more-------- En Français --------- Jusqu’à l’arrivée de projets miniers et de méga-infrastructures, les Niayes, dans la région de Thiès, une bande étroite de 25km s’allongeant sur 180km entre Dakar et Saint-Louis le long de la côte Atlantique, était traditionnellement dédiée à la culture maraichère et fruitière. Aujourd’hui Thiès est considérée comme la région d’exploitation minière la plus grande du pays, l’activité étant concentrée dans les Niayes. Le projet Grande Côte (GCO) est une exploitation de sable minéralisés (zircon, élménite, rutile et leucoxene) qui se trouve principalement sur la côte, mais des terres précédemment vouées à la culture maraichère ont également été annexées. Les maraicheurs et les populations directement affectées par cette annexion n’ont pas été consultées préalablement. Une commission départementale d’évaluation des impenses a été chargée de déterminer les montants des compensations qui seraient perçus par les maraîchers concernés. Ainsi, le 1er juillet 2013, lorsque des villageois se sont opposés à la visite sur leurs terres de cette commission, vingt-et-un (21) d’entre eux ont été interpellés par les forces de l’ordre et ils ont été jugés par le tribunal de Thiès. Le verdict du 19 juillet 2013 a condamné à trois mois de prison ferme: Ibra Fall, Gora Wade et Djibril Bèye, des producteurs maraichers du village de Diogo ”pour les délits de rassemblement illégal et actions et incendies d’engins appartenant à l’usine MDL” (Mineral Deposit Limited, une des compagnies actionnaires de GCO). Treize (13) autres personnes ont été condamnées à trois mois de prison avec surcis. GCO se félicite d’avoir indemnisé les maraichers avec des montants jusqu’à cinq fois plus élevés que ceux imposés par la loi sénégalaise (soit 3.750.000 francs CFA par hectare au lieu de 750.000), montants définis par la commission départementale. Les barèmes fixés par la loi datent de 1994 et n’ont jamais été mis à jour. Les indemnisations perçues ont été jugées insuffisantes par de nombreux villageois. D’après le sous-préfet de Méouane, ce sont au total 644 producteurs qui ont été impactés et indemnisés pour une somme globale de 802.136.734 francs CFA. Sept hameaux de Diogo et de Foth eu été entièrement déplacés en février 2017. La nouvelle cité s’appelle Médinatoul Mounawara. Cependant, l’accès à des terres cultivables et aux ressources hydrauliques a été considérablement réduit, ce qui menace à terme la durabilité du projet. Le Projet Grande Côte n’est qu’un des nombreux projets industriels qui menacent le foncier et l’agriculture maraichère des Niayes. Ce sont 80% des produits maraichers des Niayes qui proviennent de la zone de Diogo. Les surfaces cultivables des Niayes ont déjà été considérables réduites et l’accaparement des terres arables s‘accompagne d’un accaparement (et d’une pollution) des ressources hydrauliques. Depuis le début de GCO, le manque d’eau est criant dans la zone alentour. La production maraichère a ralenti depuis le début de GCO et afin d’atteindre les nappes phréatiques, auparavant disponibles à 5 mètres de profondeur, requièrent des puits de 12 mètres. Les habitants rappellent que de nombreuses promesses n’ont pas été tenues par GCO. En matière d’emploi des jeunes, très peu a été réalisé et ce même après l’organisation d’une formation de six mois pour les jeunes locaux, un nombre dérisoire a été embauché. GCO n’a pas non plus tenu sa promesse de donner un emploi par famille dépossédée de son champ. Ces familles doivent trouver des sources de revenu alternatives à l’agriculture, des alternatives qui sont moins durables et plus fluctuantes (commerce des produits agricoles, chauffeur etc.). Le forage pour le village de Diogo n’a pas été creusé. Enfin, en matière de santé, l’hôpital promis à Darou Fall n’a pas été construit mais une ambulance à Diogo est arrivée mi-mai 2016, financée par GCO (informations collectée par l’auteure à Darou Fall, octobre 2017). Les associations de maraîchers, avec l’appui d’organisations de la société civile, s’organisent dans un travail de plaidoyer pour la protection des terres arables encore disponibles afin que soit conservée la vocation maraichère des Niayes. Enda Pronat travaille dans la zone depuis la médiatisation du soulèvement des maraichers de 2013 à Diogo. Depuis, l’ONG organise régulièrement des ateliers, notamment à Thiès, Taiba Ndaye, Darou Khoudoss et Diogo, afin de sensibiliser les populations sur leurs droits fonciers afin qu’elles soient mieux préparer en cas de futures projets d’accaparement. (See less) |