In English below ---------- L’usine de farine et d’huile de poisson contestée est située sur la plage d’Abéné dans une Aire Marine Protégée (AMP), à coté de campements touristiques et des habitations. Abéné, est le deuxième site touristique de la Casamance et attire au moins 25.000 touristes chaque année. L’usine est entrée en fonctionnement au mois d’avril 2018 et n’a pas tardé à soulever les habitants du village qui ont organisés des marches pour manifester leur mécontentement contre l’usine et les nombreux méfaits qu’elle provoque sur leur quotidien. Entre les 10 et 13 avril 2018, l’usine a dégagé une fumée noire pestilentielle qui a sérieusement perturbé le tourisme. Les riverains ont été témoins du rejet des déchets toxiques de l’usine en mer dans l’AMP et en brousse dans les zones de maraichage, à côté des habitations. Le promoteur chinois avait initialement obtenu un permis de construction pour une usine de congélation de la part du Ministre de la Pêche et de l’Économie Maritime, Oumar Gueye. Le 20 décembre 2017, ce même Ministre autorisa par lettre une extension du complexe de congélation pour la production de farine et d’huile de poisson. Ainsi, l’usine de farine et d’huile de poisson n’a jusqu’à aujourd’hui jamais fait l’objet d’ une Étude d’Impacts Environnementaux et Sociaux (EIES). La construction de l’usine s’est donc faite dans la totale illégalité. De plus, le Code de l’Environnement stipule que de tels complexes industriels ne peuvent se trouver à moins de 500 mètres des habitations. Ce que l’usine ne respecte en aucun cas. Face au soulèvement des locaux et à l’illégalité du projet si évidente, le Ministre de l’Environnement Mame Thierno Dienga suspendu les activités de l’usine [1]. Jusqu’à aujourd’hui, en aout 2018, l’usine n’a pas repris son activité.La population dénonce que la première étude publique, qui avait donné un avis favorable au projet, avait réuni le chef de village, son cercle d’amis, et quelques notables du village. Les femmes avaient été interdites de participer. Au moment où il suspend les activités de l’usine, le ministre de l’Environnement instruit le gouverneur Guedj Diouf de mener une enquête publique. Le 17 juin, l’Enquêteur Publique communique les résultats de son enquête, 93% des auditionnés (ils auraient été entre 550 et 650) se sont prononcées contre l’implantation de l’usine à Abéné [2]. Deux pétitions circulent en ligne contre l’usine [3, 4]. La farine de poisson est préparée à partir du poisson sauvage pêché en mer. Sur les côtes casamançaises c’est souvent la sardinelle et l’ethmalose qui sont pêchés pour la production de farine [5]. Pourtant ces poissons sont à la base de l’alimentation des populations locales. La multiplication des usines à farine, dont la production est pour la plupart orientée vers l’exportation, menacent la sécurité alimentaire. C’est face à ces inquiétudes que la population d’Abéné a lancé fin mai 2018 l’appel et la campagne de sensibilisation ‘SOS pour sauver le Yaboye’(yayobe veut dire sardinelle en wolof). La campagne vise à faire mieux connaitre à la population locale les enjeux liés à la protection des ressources halieutiques, pour la protection de la pêche artisanale face aux menaces que constituent notamment les usines de farine à poisson et la pêche industrielle qui les accompagne. La campagne a prévu à cet effet une vingtaine de projections en pleine air en Casamance du documentaire Poisson d’or, poisson africain [6, 7]. -------------- In English ----------------- The controversial fishmeal and fish oil plant is located on the Abéné beach in a Marine Protected Area (MPA), next to tourist camps and houses. Abéné is the second tourist site of Casamance and attracts at least 25,000 tourists every year. The plant started operating in April 2018 and the villagers rapidly raised up and organized marches to express their dissatisfaction with the plant and the many consequences on their daily lives. Between April 10th and 13th 2018, the plant emitted a stinking black smoke that seriously disrupted tourism. Local residents have witnessed the dumping of toxic waste from the factory into the sea (in the MPA) and in gardening areas, next to houses. The Chinese promotor of the fish plant had initially obtained a building permit for a freezing plant from the Minister of Fisheries and Maritime Economy, Oumar Gueye. On December 20, 2017, the same Minister authorized by letter an extension of the freezing complex for the production of fishmeal and fish oil. So the plant has never been the subject of an Environmental and Social Impacts Assessment (ESIA). The construction of the factory was made in manifest illegality. In addition, the Environment Code stipulates that such industrial complexes can not be located within less than 500 meters from residential houses and the factory does not respect that condition. Faced with the uprising of the local population and the so obvious illegality of the project, the Minister of the Environment Mame Thierno Dieng suspended the activities of the plant [1]. Until today, in August 2018, the plant has not resumed its activity. The population denounces that the first public study, which had given a favorable opinion to the project, had brought together the village chief, his circle of friends, and some notables of the village. Women had been banned from participating. At the time of suspending the plant's operations, the Minister of the Environment instructed Governor Guedj Diouf to conduct a public inquiry. On June 17th, the Public Investigator reported the results of his investigation, 93% of the auditioned (they were between 550 and 650 auditioned persons) were against the settlement of the plant in Abéné [2]. Two petitions are circulating online against the factory [3, 4]. Fishmeal is prepared from wild fish caught in the sea. On the Casamance coasts it is often sardinella and ethmalose that are fished for the production of fishmeal [5]. However these fishes are a basic source of protein for the local populations. The proliferation of fish meal factories, whose production is mostly export oriented, threatens food security. Facing those concerns, the population of Abéné launched by the end of May 2018 an awareness-raising campaign 'SOS to save the Yaboye' (yayobe means sardinella in Wolof). The campaign aims at making the local population more aware of the issues related to the protection of fish resources, for the protection of small-scale fisheries under the threats of fishmeal factories and the industrial fishing that accompanies them. To this end, the campaign has planned about 20 outdoor screenings in Casamance of the documentary Golden Fish, African Fish [6, 7]. |