La mine North American Lithium (NAL) est situé à 18 km de route à l’est du village de La Corne et à 18 km de route à l’ouest de la ville de Barraute, à proximité du centre de ski du Mont-Vidéo et au pied de la moraine Harricana, une formation hydrogéologique souterraine abritant une eau de bonne qualité. Officiellement en production depuis le 20 décembre 2012, la mine NAL a depuis subi deux faillites et est passée à trois reprises entre les mains de nouveaux acquéreurs. Au terme d’un long processus judiciaire, la compagnie multinationale Sayona Mining Limited (Sayona Mining) s’est vu attribuer les droits d’exploitation au mois d’août 2021 [1]. À l’origine, ce projet minier se nommait Québec Lithium. La société chinoise Jien International Investment change de nom en juin 2016 pour NAL après une première faillite. Les difficultés des promoteurs sont principalement dues au manque de financement, à un minerai difficile à extraire et à une baisse du prix du spodumène sur les marchés internationaux. Les derniers propriétaires avaient accumulé des dettes de plus de 200 millions de dollars canadiens et avaient failli à leur obligation de déposer en garantie les 23 millions de dollars destinés à la restauration du site minier une fois les opérations terminées [2]. La mine NAL traîne un lourd passif environnemental et est connue pour avoir échappé à de rigoureuses évaluations environnementales. Au moment de la présentation du projet en 2010, les promoteurs sont parvenus à éviter la Procédure d’évaluation et d’examen des impacts sur l’environnement (PEEIE) en présentant une capacité d’extraction de minerai quotidienne passant tout juste sous le seuil d’assujettissement du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) de la province de Québec. Le projet est par ailleurs entré en opération avant que l’ensemble des évaluations environnementales ne soient complétées [3] . À ses débuts, le projet semble être passé sous le radar de la société civile qui s’est alors peu mobilisée, bien que certains groupes environnementaux et organisations scientifiques indépendants aient déposé des rapports critiques, comme l’Action boréale et la Société de l’eau souterraine Abitibi-Témiscamingue (SESAT). L’État québécois a injecté - et perdu - plusieurs millions de dollars, notamment via Investissement Québec (IQ). Au départ, l’objectif était de produire du spodumène pour l’exporter en Chine. En 2019, un complexe de production de carbonate de lithium est construit, mais la production est éphémère [2]. Son acquisition en 2021 par Sayona Mining Limited et son partenaire Piedmont Lithium envoie un signal d’alarme. De nouveaux enjeux environnementaux risquent d’apparaître avec la stratégie de développement des nouveaux acquéreurs. Celle-ci consiste à centraliser la production, sur le site de NAL, de minerais provenant éventuellement des projets miniers Authier Lithium en Abitibi et de celui de Tansim au Témiscamingue qui demeurent à ce jour au stade de projets d’exploration minière. Néanmoins, une telle augmentation de volume de minerai provenant de deux autres sites miniers provoquerait une accumulation considérable de déchets miniers sur le site de NAL. Ceci entraînerait inévitablement des impacts majeurs sur l’environnement, notamment sur le fragile équilibre du système hydrique incluant les eaux souterraines. Sous peine d’encourir des pénalités, les nouveaux acquéreurs se sont engagés envers l’État québécois à transformer le spodumène en carbonate de lithium ou en hydroxyde de lithium en construisant une nouvelle usine d’ici 6 à 10 ans [1]. Par ailleurs, la taille de la mine à ciel ouvert a considérablement augmenté avec les années depuis l’étude de faisabilité initiale. En 2011, les dimensions de la fosse devaient mesurer 500mX300mX150m. Celles-ci sont passées en 2013 à 1100mX570mX190m. Le tonnage total a également augmenté de 45,2% entre 2010 et 2018. Les impacts environnementaux de cette augmentation considérable des dimensions du projet n’ont à ce jour pas fait l’objet d’une étude hydrogéologique de suivi. La mine NAL est tristement réputée pour ses nombreux déversements de contaminants toxiques dans l’environnement. Une compilation de 83 rapports d’urgence à la mine NAL du 13 mars 2013 au 9 septembre 2018 réalisée à partir de renseignements obtenus en vertu d’une demande d’accès à l’information fait état d’autant de déversements totalisant plus de 50 millions de litres de résidus miniers, d’antigel, de diesel, d’huile, d’eau de procédé, etc... [4]. Parmi ceux-ci, deux accidents environnementaux s’avèrent particulièrement préoccupants : : -Le 18 mars 2013, un déversement accidentel de 50 millions de litres d’eau et de quartz s’est produit suite à une rupture de digue d’un parc à résidus. Ce déversement a été de catégorie 2, c’est-à-dire que les conséquences environnementales sur les êtres humains, l'environnement ou les habitats sont importantes et difficiles à identifier [3]. -Le 15 juin 2014, un second déversement accidentel suite à un bris de conduite d’acheminement des résidus miniers. 490 000 litres de boues sont déversées. Dans les jours qui suivent, la part solide est récupérée dans le fossé de ceinture et la part liquide est en bonne partie pompée dans le parc à résidus [3]. Dans les deux cas, comme pour les 81 autres répertoriés entre le 13 mars 2013 et le 9 septembre 2018, aucune étude environnementale globale n’a été réalisée par la suite pour effectuer un suivi de la qualité de l’eau souterraine. Les études hydrogéologiques de la mine NAL n’ont jamais été complétées depuis son lancement en 2011 [3]. Des conséquences importantes sur les eaux souterraines et les milieux hydriques sont craints par plusieurs groupes [5]. Le Regroupement vigilance mines Abitibi-Témiscamingue effectue une veille des développements entourant les opérations à la mine NAL. Une demande d’étude hydrogéologique du Comité citoyen de protection de l’esker adressée au gouvernement du Québec le 21 avril 2020 a été rejetée par le Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles le 5 mai 2020. (See less) |